jeudi 6 novembre 2014

Grotta di Lovettecannas et Grotta di Su Palu

Nous sommes quatre, Marine, Antho, Chloé et moi, à partir en fin de matinée sur l'altiplano surmontant l'imposante vallée de Codula Ilune, le reste de l'équipe préférant s'adonner au joies de l'escalade et du canyoning. Notre objectif est une petite visite de la Grotta di Lovettecannas. Cette cavité a été découverte en 2001 par les spéléos du Groupe Ulysse Spéléo, du Gruppo Speleo-Archeologico Giovanni Spano et de l'Unione Speleologica Cagliaritana. Plusieurs explorations vont les mener à la côte -273 m devant un siphon et une trémie. La poursuite des explorations a permis aux explorateurs de franchir cette dernière et d'atteindre la côte -502 m, faisant de Lovettecannas la cavité la plus profonde de Sardaigne. La particularité de cette cavité est qu'elle se développe dans la dolomie au contact du socle granitique. De grand poljé ont crée d'importantes pertes et les galeries suivent le pendage du contact dolomie-granite d'environ 20°. De ce fait, la cavité ne présente aucun puits et l'on peut atteindre le fond sans agrès !

Coupe schématique de la Grotta di Lovettecannas qui se développe
dans la dolomie au contact du granit

Report en surface des principales cavités du secteur, en bleu les poljés

Nous nous restaurons au fond du grand poljé à côté des grosses pertes qui ont données naissance au réseau. Nous traversons ensuite une jolie bergerie où deux paysannes sardes nous indiquent la direction de la cavité avec le sourire. L'entrée de la cavité est une petite faille protégée par des branches mortes. Un bon courant d'air aspirant nous indique la suite à travers un réseau de failles inclinées. Parfois du volume apparaît mais c'est souvent par des passages étroits à travers les blocs qu'il faut trouver la suite. Heureusement qu'un bon balisage est mis en place car l'on pourrait tourner des jours dans ce dédale. Les premiers explorateurs ont du mérite d'avoir trouver la suite. On traverse quelques salles joliment concrétionnées en suivant toujours le pendage du granite qui sert de socle. Chloé et moi nous arrêtons vers -100 alors que Marine et Antho tirerons jusqu'à -150 m. Autant dire qu'atteindre le fond ne doit pas être un parcours de santé malgré l'absence de cordes !

Topographie de Lovettecannas jusqu'à -500 m

Topographie de Lovettecannas jusqu'à l'ancien fond de -273 m


A la sortie, nous visitons les grosses pertes du poljé avant de reprendre la route. Direction la vallée de Codula Ilune, ou plutôt le grand canyon au vue des falaises immenses qui dominent le lit d'une majestueuse rivière à sec avec des porches à la chinoise dixit Antho ! Nous trouvons un lieu de bivouac optimal au bout de la route, nous avons rendez vous demain matin avec le reste de l'équipe pour une visite de la Grotta di Su Palu.

Levé 8h pour le p'tit déj, nos camarades nous rejoignent vers 9h. Au départ de la marche d'approche, un grand panneau présente la topo de la cavité et la géologie du secteur. Su Palu est une des deux entrées du Complexe Karstique de Codula Ilune (Su Palu - Monte Longos), réseau le plus grand de Sardaigne avec un développement actuel de plus de 40 km. Le fond du réseau est à moins de 1 km de l'amont de la Grotta del Bue Marino à laquelle on accède en bateau par la mer et qui développe plus de 20 km. La connexion récente d'une grotte intermédiaire au Bue Marino laisse présager une future connexion avec Su Palu - Monte Longos, réseau qui totaliserait 70 km ! Sur place, les grandes falaises sont un véritable livre ouvert sur la géologie de la zone, on y voit le socle granitique qui suit un pendage en faible pente vers la mer, surmontée par 100 m de dolomie et 600 m de calcaire. On suit le lit de la rivière asséchée sur 700 m jusqu'au contact avec la dolomie. L'entrée, quelques mètres au-dessus, est une petite faille désobstruée. Trois petits puits en failles nous déposent dans de beaux volumes qui nous mènent en pente douce jusqu'à un petit actif provenant de pertes de la rivière. On parvient alors rapidement au passage clé de la cavité : une voûte mouillante étroite de 4 m ! On enfile la néoprène et on rampe dans l'eau. On se change un peu plus loin au départ d'Altaloma, série de grandes galeries ébouleuses suivant une grande faille. On parcours ces galeries sur 300 m jusqu'à la confluence. On met alors les pieds dans une belle rivière, le White Nil, qui coule dans de grandes galeries au contact des granites. La taille impressionnante des galets de granite laisse imaginer la puissance des crues. On atteint alors une cascade de 20 m qu'il faut franchir par des vires aériennes. Une partie du groupe rebrousse chemin alors que le reste poursuit la rivière jusqu'au grand lac. On se retrouve devant une grande étendue d'eau turquoise qui marque le siphon entre Su Palu et Monte Longos. A droite, le Blue Nil est remontée sur quelques centaines de mètres dans de belles vasques aux eaux translucides. Nous prenons le chemin du retour en songeant qu'il faudra revenir dans cette cavité fantastique et poursuivre notre exploration dans les salles géantes de Liliput.

Marche d'approche

L'entrée de Su Palu

Descente des grandes salles de l'entrée

Ruisseau à l'approche de la voûte mouillante

La voûte mouillante, quatre mètres de ramping dans l'eau

Elle est fraîche !

Enfin sortie !

La galerie concrétionnée d'Altaloma

La galerie concrétionnée d'Altaloma

Détail des concrétions

Dans la rivière du White Nil

En haut de la cascade

Arrivée sur le grand lac

Le grand lac, siphon entre Su Palu et Monte Longos

Dans le Blue Nil

Dans le Blue Nil

Dans le Blue Nil 

Le casting

Topographie de Su Palu

Le système karstique du Supramonte oriental avec les réseaux
de Su Palu-Monte Longos et Bue Marino

mardi 21 octobre 2014

Exercice secours

Dimanche 19 octobre 2014
Aven
de la Bergerie, Périllos
Participants : RE, CAF, ESR, TES, SCG
TPST : 8h

Plusieurs clubs du département ont répondu présent pour ce deuxième entrainement spéléo secours. Notre objectif est de remonter une victime du fond de l'Aven de la Bergerie à Opoul-Périllos. Deux équipes sont formées, la première descend dans le réseau II pour une évacuation d'une civière, la deuxième descend dans le réseau I est remonte un blessé sur corde. Les deux équipes finiront la sortie de la civière ensemble. Encore une belle journée où tout le monde a pu mettre la main à la patte.


lundi 13 octobre 2014

Grotta Luigi Donni et Canyon Orbisi

La grotta Luigi Donini fait partie des incontournables du massif du Supramonte. Il s'agit du cours souterrain du Riu Orbisi que l'on parcours sur un kilomètre dans de grands volumes magnifiquement sculptés, depuis une perte jusqu'à la résurgence en pleine falaise.

On se lève tôt pour faire le trajet depuis Cala Gonone. On parcours 8 km de piste dans des paysages magnifiques pour atteindre la dernière bergerie du coin. On atteint rapidement le cours à sec de Orbisi qu'il faut remonter sur une centaine de mètres pour trouver la petite entrée quelques mètres au-dessus du fond du ravin. Par deux petits puits d'une dizaines de mètres, on atteint une galerie basse au sol composé de très grands gours. Une centaine de mètres plus loin, on débouche dans un grand volume et un puits d'une vingtaine de mètres nous dépose directement dans un grand lac. A partir d'ici, on parcours la rivière vers l'aval en traversant à la nage des lacs et des biefs entrecoupés de deux verticale. Le calcaire blanc et de vieux massifs stalagmitiques sont sculptés par l'eau. Parfois, le plafond est entièrement composé d'un remplissage de galet. Les paysage sont extraordinaire. On atteint alors de très grands volumes au bout desquels on aperçoit la lumière du jour. Un saut de quelques mètres et nous voilà en balcon avec une vue imprenable sur la vallée et le canyon de Gorrupu. Un dernier rappel de 55 m en falaise permet d'atteindre le cours aérien de la rivière. Il faut alors suivre le ravin en passant devant la sortie du canyon d'Orbisi avant de remonter sur une arrête qui nous ramène au parking.

































Paco, Lio, Viviane, Marine, Antho, Chloé et moi restons passer la nuit sur place. Une petite cuile (bergerie traditionnelle sarde) nous offre un lieu de bivouac trois étoiles !






Le lendemain matin, nous redescendons dans le lit du riu Orbisi, mais cette fois-ci nous partons vers l'aval pour parcourir le canyon aérien. La rivière est asséchée mais son lit laisse imaginer les crues démentielle en période de hautes eaux. Deux petits ressauts nous amènent au sommet d'une verticale splendide de 35 m dans un grand cirque. Après un peu de marche, suit une verticale de 18 m surmontée de plusieurs arches puis une verticale de 15 m dans un interstrate magnifique. A partir de ce point, le canyon s'enfonce sous terre. Après deux petites verticales, on ressort au jour par une dernière verticale de 20 m. Je remonte avec Chloé au parking alors que le reste de l'équipe poursuit la descente par le grand canyon de Goroppu. Nous faisons le tour avec le véhicule pour les récupérer 4h plus tard au bord de la route au début de la nuit.